Ljubljana, capitale verte
Élue « capitale verte de l’Europe » en 2016, Ljubjlana est une cité paisible d’à peine 300 000 habitants, posée au bord de l’eau et jalonnée de parcs aux charmes florissants.
Ce juste accord avec la nature, on le ressent en roulant sous les vignes vierges et les odorants tilleuls, traçant notre chemin vers le centre piétonnier le long de pistes cyclables bien balisées.
Rues pavées, terrasses, et les flots paisibles de la rivière Ljubjanica, au pourtour de laquelle a grandi la jolie ville. Le quai Trnovski, récemment aménagé par l’architecte Jože Plečnik, est devenu une verdoyante promenade, de ces lieux publics qui se définissent par les envies et les habitudes de ceux qui avec joie les investissent. Espace de convergence au coeur du centre historique, on s’y retrouve pour flâner, converser entre amis, s’endormir un instant, griffonner un croquis, relire ses cours ou faire vibrer les cordes d’une vieille guitare.
Les terrasses sous les majestueux saules pleureurs semblent toujours animées, un groupe de comédien répètent près de nous, une fille plus loin fredonne, une autre les yeux fermés berce un bébé dans les gradins qui surplombent la rivière. Un groupe d’hommes rieurs et presque nus passe en pagayant debout sur des paddles, sous la silhouette majestueuse du vieux château. Les suivant du regard, on capte d’un même élan les silhouettes des ponts de pierre, les couleurs pastels des édifices qui les longent, la courbe des arbres balancés.
Pépiement des oiseaux, une fillette qui babille dans une poussette esseulée, le vent qui bruisse et les verres qui se cognent en signe d’amitié. On se dit soudain que si l’on aime tant la ville, comme Montpellier, Pavia, Crémone, c’est que n’y circule plus la masse des voitures vrombissantes, et que sans leur chambard permanent on retrouve le gout une vraie quiétude et le sentiment de la beauté.
C’est d’ailleurs essentiellement pour sa mobilité douce que Ljubljana a remporté devant Oslo ou Essen ce titre de capitale verte. Depuis 2007, des rues sont progressivement fermées à la circulation automobile, et depuis 2016 ce sont 10 hectares du coeur de ville dont peuvent profiter sans encombre les cyclistes et piétons, qui se partagent les voies. On peut aussi louer des voiturettes électriques gratuites (accessibilité universelle), ou les Bixis/ vélibs locaux.
Au delà des grandes actions, c’est aussi dans de discrets détails que l’on reconnait ce désir de protéger l’environnement. Partout dans la ville, on trouve des fontaines couronnées d’un panneau invitant à remplir sa gourde plutôt que d’acheter des bouteilles en plastique. Les herbes folles poussent en paix entre les pavés irréguliers, et quand sur la pointe des pieds je me dresse par dessus un muret, en plein coeur de la ville je découvre quelques magnifiques potagers. Une pancarte rappelle que les abeilles sont de retour en ville, avec d’autres camarades pollinisateurs : comme elles sont nombreuses et belles les fleurs.
Même les toilettes publiques me mettent du baume au coeur, c’est dire… Elles sont gratuites, propres et faciles à dénicher, une aubaine pour les cyclistes ambulants que nous sommes. Un petit autocollant « Ljubljana Zéro Waste » m’enthousiasme, et accroupie je me penche pour le déchiffrer : il rappelle que le papier est issu à 100 % de matériaux recyclés. Et cette nature toujours abondante, soignée, cultivée avec tant d’amour et de respect.
On aime se perdre dans la douce capitale. Ce sont surtout les petites ruelles pavées qui nous enchantent, malgré les vélos trop lourds qu’il faut encore pousser : on y sent l’âme bohème et la créativité foisonnante, les plantes grimpent sur les murs que l’on grime en dessous de peintures fascinantes. Sur les bancs, des messages entremêlent les langues d’une discrète poésie. Des théâtres, une librairie, des cafés. On aimerait rester quelques jours, toute une année ici.