Le tour du monde à vélo
Le ventre rebondi de nos sacoches pleines, la carte où s’esquissent les premières étapes et les destinations rêvées, le cœur léger, nous partons rouler le monde.
L’heure d’enfourcher nos vélos est arrivée : cap au Sud de la France, pour longer la Méditerranée en passant par l’Italie, la Slovénie, les Balkans, et enfin la Turquie. Ensuite, on explorera le Caucase et l’Asie Centrale, espérant arriver avant les tempêtes de neige pour sillonner la haute et célèbre route du Pamir, au pied de l’Himalaya. La prochaine étape se fera en train pour rejoindre l’Asie du Sud-Est et l’Indonésie, avant un saut de puce en Amérique du Nord, que nous traverserons d’une diagonale de la Californie aux grands lacs, bouclant la boucle jusqu’à Montréal, notre chère cité.
Pourquoi partir à vélo ?
Pour la liberté, liberté chérie, de partir à l’aube ou de rentrer tard, de choisir notre route, notre rythme, nos espaces.
Parce que le vélo fait du bien, au corps comme à l’esprit, nous gardant en éveil, l’oeil alerte et les muscles actifs, dans un silence apaisant et un état presque méditatif.
Pour l’autonomie, car sur un vélo on peut emporter sa petite maison : une tente, des matelas, de quoi cuisiner, de l’eau et des provisions, quelques vêtements et l’essentiel pour dessiner.
Parce que sur nos deux roues on peut s’écarter des chemins battus, explorer les forêts, les déserts, gravir des sommets, longer des mers. On peut se faufiler sur d’étroits sentiers pour gagner des endroits peu accessibles autrement, atteindre des villages reculés et accéder après des kilomètres de solitude à des vestiges d’une rare beauté.
Parce que le vélo nous met a nu, sans l’habitacle rassurant d’une voiture ou d’un bus : on est plus vulnérable, mais aussi plus sensible à tout ce qui nous entoure, aux paysages, aux détails et aux hommes. Plus humble devant les aspérités et les failles du territoire, exposés aux variations du temps, on prend pleinement conscience de la matérialité des régions que l’on traverse, de leurs singularités, de leurs histoires et de leur corps.
Accessibles, on tisse plus facilement des liens avec ceux que l’on croise, autour d’un verre de thé, d’un pneu crevé, d’un itinéraire à préférer. Le vélo suscite l’étonnement et attise la curiosité, c’est la première étincelle qui fait naître une rencontre, et parfois une amitié.
À vélo, on est plus en accord avec la nature qui nous entoure. On la respecte et la traverse sans l’abîmer, en retour elle nous livre un peu de ses secrets, nous partageant la richesse de sa faune et de sa flore.
Parce qu’un voyage à vélo ne coûte presque rien. Certes, il faut s’équiper avant de partir, anticiper parfois les dépenses de visas et de vaccins, mais une fois sur la route, on a besoin de peu : c’est la nourriture qui constitue le socle de nos dépenses quotidiennes, et pour l’hébergement, on dort dans notre tente ou sur un matelas posé chez l’habitant.
Pour le rythme doux, plus rapide que la marche mais plus lent que les modes de transports motorisés. Le vélo rend possible l’observation paisible du monde, tout en nous permettant de le parcourir sans nous épuiser, étapes après étapes. Et ainsi, flâneurs sereins, nous pouvons à loisir capter les détails minuscules qui en font la richesse.