Une semaine

Une semaine à vélo sur les routes de France, de la Sarthe au Lot, de Conflans-sur-Anille à Vers : 532 km, 4 nuits de camping furtif, 2 douches, 17 toilettes de chat, des côtes à 20 %, 3 chutes,  1 camembert laborieusement transporté, 56 villages traversés, 1 kilo de noix et de fruits secs avalés, 3 batteries déchargées, 15 tisanes et 22 cafés…

Le départ

Happés par le flot joyeux des visites, de la fête de départ et des paperasseries urgentes, on a manqué de temps pour essayer nos montures pleinement chargées. Ce n’est qu’au petit matin du départ que nous enfourchons pour la première fois, oscillants et fébriles, nos vélos lestés de plusieurs dizaines de kilos.

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La sensation est nouvelle, les bagages bien plus pesants que pour nos précédentes escapades. Il faut trouver son équilibre et sa posture, sans chuter devant la petite foule réunie pour nous encourager devant la place de la Mairie. On bavarde avec cafés et croissants en oubliant presque que le vrai départ est imminent.

Mais déjà sonne l’heure de la première descente sous les adieux sonores, on lève la main sans savoir jusqu’où cette longue balade nous mènera. Une poignée de compagnons solidaires se joignent au cortège pour pédaler avec nous les 60 kilomètres de la première journée.

On roule heureux et sans presse vers Trôo, petite cité nichée dans la roche calcaire, verdoyante et magnétique avec ses maisons et ses caves lovées dans des grottes aux entrées florissantes. Après une escale au pied du large pont gothique de Lavardin, les vestiges du château fort se dessinant sur les hauteurs du village, nous rejoignons une tranquille véloroute sillonnant bois et campagne, jusqu’à Château-Renault où nous dormons avec nos comparses dans une roulotte de bois et une petite maisonnette.

Le lendemain, sous un ciel pâle tout gorgé de chagrin, après quelques kilomètres c’est la croisée des chemin : la courbe nous entraîne vers le sud et l’on quitte très émus la famille d’Audrey.

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La route

Le chemin le plus court n’est pas le plus rapide; le chemin le plus rapide n’est pas le plus sûr.

De la Touraine au Quercy, nous avons plusieurs choix d’itinéraire. La ligne la plus courte emprunte les petites routes communales où l’on croise plus de tracteurs que d’autos, plus de vaches, de  moutons et de chèvres que d’humains. Les paysages champêtres sont d’une beauté simple et franche : étendues d’un vert tendre où s’élancent violettes, pâquerettes et coquelicots, sous-bois rafraichissants à la mousse émeraude, terres labourées de sillons entre les immenses champs de colza tout en fleurs, à l’horizon, tourelles et et crènelures des châteaux qui surgissent aux moments les plus inattendus. Quelques parcs d’éoliennes, et une centrale nucléaire comme sombre pendant. On découvre à Civeaux une nécropole mérovingienne du IVe siècle, où les sarcophages de pierre se mêlent avec les sépultures plus récentes des habitants du village, la grande Histoire enlaçant le temps des simples, sans fard et sans entraves.

La route continue, on traverse des petits villages qui semblent figés dans un temps révolu, portes closes et parvis silencieux des églises où on s’attarde pour une pause ou un repas. Le regard vogue d’une bâtisse à l’autre, attendri par ce que racontent encore leurs si vieilles pierres. Les lieux-dits des hameaux et des fermes sèment leurs lettres comme des poèmes au creux du paysage :  Gratte-Chèvre, Bellerive, l’Ennui…

Les joies de sillonner la campagne sur ces petits chemins paisibles ont un prix : les côtes.

Chargés comme des mulets, chaque pourcentage de pente nous coûte des efforts sur-humains. Les descente sont vertigineuses et les montées épiques. Entre les deux, dans les vallées et les creux, les vélos se collent au bitume, comme amoureux du sol.

Parfois, on est un peu sonné par notre manque de force et d’entraînement face à l’ampleur du voyage qui nous attend. Alors on se concerte, cherchant des solutions pour épargner un peu nos muscles. Et si on empruntait un détour en optant pour la départementale? Et puis cette nationale qui suit presque en ligne droite le fond de la vallée? Leur dénivelé est sûrement plus doux que celui des petits chemins de campagnes, conçues il y a plus de cinq siècles pour les chevaux et les vaches.

Après avoir parcouru vingt mètres sur une nationale, hébétés par les frôlements incessants d’une marée de véhicules à toute allure, nous avons compris notre erreur. Utilisées comme des autoroutes à une voie, sans accotement, axes importants de camionnage, les nationales et plusieurs départementales de premier plan sont des tues-cyclistes. La peur au ventre, nous revenons au plus vite sur les petites routes de l’arrière-pays, accueillant presque avec gratitude le retour des épuisantes montées.

Les nuits

On nous demande souvent : et la nuit, où trouvez-vous refuge ? On a dormi cinq des sept premières nuits sous notre tente, hors des sites de camping officiels : dans un parc, sur un terrain de sports caché derrière une école primaire, dans la pelouse d’une salle communale, et près d’une piscine publique. On essaye de trouver une source d’eau pour faire notre toilette et cuisiner, repère un abri possible en cas de tempête. La tente est installée après le souper, lorsque la nuit commence à tomber et qu’elle nous soustraie aux regards curieux. Le matin, on plie bagages à l’aube et on efface doucement les traces de notre passage. Et on reprend la route, kilomètre après kilomètre…

  1. Bonne route les copains ! J’espère que vos mollets s’habitueront vite mais je ne me fais pas trop de soucis sur la capacité qu’auront votre mental et vos corps à compenser le manque d’entrainement physique !

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  2. oh Villeperdue je l avais perdu de mon esprit merci de me l avoir remis !!! continuez bon !!!! on est la avec vous !!!

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  3. Un bonjour de l’école de Conflans ! Nous vous souhaitons bonne route…
    On est impatients de lire la suite ! On essaie de vous suivre sur une carte, mais on manque de repères géographiques…
    Bonne continuation !

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